3,5 millions de manifestant·es, six raffineries bloquées, 70% d’enseignants grévistes dans les écoles primaires, 10 000 tonnes d’ordures dans les rues de Paris… Uni·es, comme l’ont été nos organisations syndicales, nous avons répété que nous ne voulions pas d’une contre-réforme des retraites qui nous volerait deux années de vie et nous appauvrirait toujours plus, qui vendrait notre santé aux patrons pour satisfaire leur insatiable appétit de profits. Leurs mensonges, comme sur la retraite minimale à 1200€, n’ont convaincu personne. Nous avons même proposé des solutions, comme augmenter les cotisations sociales en faisant contribuer les plus riches et le capital, pour financer une réforme progressiste des retraites qui permettrait à davantage de travailleuses et de travailleurs de profiter de la retraite en bonne santé. Mais notre santé – la crise sanitaire le montre – n’est qu’une variable d’ajustement de leur compte en banque.
Incapables de convaincre les travailleuses et les travailleurs que leur réforme était bonne, ils ont également échoué à la faire voter à l’Assemblée nationale. Leur seule solution : l’utilisation d’une des dispositions les plus autoritaires de la Ve République : l’article 49.3, qui autorise le gouvernement à faire passer une loi sans vote, dans la mesure où aucune motion de censure ne serait votée. Sourd aux revendications populaires légitimes, le gouvernement – et ses alliés du parti Les Républicains, qui leur ont évité le vote d’une motion de censure – ont donc fait le choix de la violence et du passage en force. « Le seul scénario où il lâchera c’est si Paris est en feu », avouait un proche d’Emmanuel Macron. Qui peut donc s’étonner que quelques minutes à peine après l’annonce de l’utilisation de l’article 49.3, le pays ait commencé à s’embraser ? Le gouvernement et le président de la République portent seuls la responsabilité de cette explosion sociale : la violence, c’est eux.
Cette situation souligne également la dérive autoritaire de notre démocratie. Les institutions de la Ve République permettent au pouvoir de s’asseoir sur la volonté populaire, de déposséder les citoyen·nes de leur rôle politique, d’ignorer les aspirations démocratiques que font vivre depuis des semaines celles et ceux qui sont dans les assemblées générales, sur les piquets de grève et dans la rue. Face à ce pouvoir de plus en plus isolé, autoritaire et violent, qui envoie sa police attaquer les habitant·es des quartiers, les militant·es, les manifestant·es, les journalistes, la révolte en cours est nécessaire et profondément légitime.
Amplifions la révolte populaire, les grèves, les blocages, les manifestations, les occupations…contre cette réforme des retraites, pour la retraite à taux plein à 60 ans au plus tard et avant pour les métiers pénibles, sans condition d’annuités. Pour une hausse des minima, des salaires et des pensions, une réduction massive du temps de travail, une maîtrise démocratique de la production, une révolution écologique ! Pour toutes les égalités, pour la justice et la démocratie, le combat continue !